Monsieur le Consul, la communauté française du Royaume-Uni a-t-elle changé de profil depuis le référendum sur le Brexit de juin 2016 ?
Pour nombre de nos compatriotes, le vote britannique sur le Brexit a été un choc. Certains ont été profondément affectés. Même s’il n’y a pas eu d’exode massif, beaucoup qui se projetaient ici dans la longue durée s’interrogent. Mais au total, le Brexit constitue davantage un changement pour le Royaume-Uni que pour les Français qui y résident. Notre communauté reste nombreuse, diverse et résiliente.
L’annonce du Brexit a-t-elle entraîné une problématique particulière pour vos services et pour les ressortissants français ?
Absolument. L’activité du consulat, déjà importante, n’a cessé d’augmenter en volume : inscriptions au registre consulaire, état civil et accès à la nationalité, délivrance de titres d’identité et de voyage. Mais le Brexit engendre aussi un important travail d’information et de communication, notamment sur les conditions de séjour et le settled status qu’il faut absolument demander rapidement pour pouvoir rester ici en toute tranquillité. Plusieurs dizaines de milliers de Français doivent encore demander le settled status.
Depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, le service social du consulat a-t-il constaté une évolution du type de demandes ?
Dans un premier temps, nous avons reçu beaucoup de demandes d’informations sur les conditions de circulation entre les deux pays, sur les aides sociales britanniques, etc. Depuis que le gouvernement français a mis en place un dispositif de secours financier occasionnel, nous avons reçu et instruit plusieurs centaines de demandes que nous traitons aussi rapidement que possible.
Les Français les plus vulnérables ont-ils particulièrement souffert ?
La crise sanitaire se double d’une crise économique et sociale dont les plus précaires sont les premières victimes. Je pense en particulier aux jeunes, employés dans les secteurs les plus affectés : restauration, tourisme, culture. Certains ont quitté le Royaume-Uni, faute de perspectives. D’autres sont restés mais connaissent de réelles difficultés. L’administration britannique a heureusement mis en place des compléments d’aides économiques et sociales.
Que pensez-vous de la réponse des services du Dispensaire face à ces problématiques ?
Comme toujours, le Dispensaire a démontré sa capacité d’adaptation et le dévouement de ses équipes. Les consultations à distance, le conseil, l’écoute et les aides ponctuelles ont permis de venir en aide à de nombreux compatriotes. Le Dispensaire fait la preuve, comme à chaque fois que nous traversons une crise, de son caractère irremplaçable. Il incarne l’esprit de solidarité au sein de notre communauté.
Quels conseils donneriez-vous aux Français vivant au Royaume-Uni en cette période compliquée ?
Sur le plan sanitaire, soyez prudents. Sur le plan administratif : veillez à être inscrits au registre consulaire et à demander votre settled status pour pouvoir continuer à vivre ici (presque) normalement après le 1er janvier 2021. Et à tous ceux qui le peuvent : soutenez le Dispensaire Français. Nous avons plus besoin de lui que jamais.
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En fonction depuis septembre 2018, Guillaume Bazard est également Trustee du Dispensaire Français-Société Française de Bienfaisance.
L’ équipe du Dispensaire lui rend un hommage particulier pour son écoute et son engagement sans faille envers notre mission sociale et médicale.